Activité physique et cancer

Le saviez-vous ?

L’activité physique ce n’est pas que le sport ; ce sont aussi tous les mouvements réalisés dans la vie quotidienne.

La pratique d’une activité physique de manière spontanée, volontaire et régulière contribue à diminuer l’incidence et la mortalité de la plupart des cancers. Les données les plus probantes et publiées concernent le cancer du sein et du colon.

Il est recommandé d’associer une activité physique cardio-respiratoire (endurance) à du renforcement musculaire et à des exercices d’assouplissements : il n’est jamais trop tard pour commencer et en ressentir des bénéfices.

L’activité physique adaptée (APA) regroupe l’ensemble des activités physiques et sportives adaptées aux capacités des personnes atteintes de maladie chronique ou de handicap. L’objectif de l’APA est de prévenir l’apparition ou l’aggravation de maladies, d’augmenter l’autonomie et la qualité de vie des patients, et de contribuer à lutter contre l’isolement social. L’APA peut être prescrite par le médecin traitant ou tout médecin intervenant dans la prise en charge du patient.

L’APA est recommandée pour réduire la fatigue, améliorer la qualité de vie et la condition physique, et doit être pratiquée pendant et après le traitement du cancer. Elle n’a pas d’effets indésirables.

La sédentarité, c'est le temps passé assis ou allongé en dehors du sommeil. C'est aussi l’un des facteurs de risques de cancer modifiables sur lequel on peut agir !

Pour augmenter votre activité physique quotidienne, privilégiez les escaliers plutôt que l’ascenseur, favorisez les déplacements actifs comme la marche et le vélo, jouez avec les enfants ou encore jardinez ; dans tous les cas, restez actif !

Présentation

L’activité physique inclut tous les mouvements corporels qui produisent une augmentation de la dépense énergétique par rapport à la dépense énergétique de repos, et ne se réduit pas à la seule pratique sportive (Caspersen, 1985). Ces mouvements peuvent être réalisés dans plusieurs contextes (Khan et al. 2012) :

  • Lors de nos déplacements (par exemple, se rendre à vélo ou à pied sur son lieu de travail) ;
  • Lors de nos activités domestiques (par exemple, réaliser des travaux de bricolage ou de ménage) ;
  • Lors de nos activités de loisirs (ensemble des activités physiques réalisées durant le temps libre, incluant les activités sportives comme par exemple faire de la randonnée) ;
  • Lors de nos activités professionnelles (par exemple faire de la manutention, porter des charges).

Il existe différents degrés d’intensité d’une activité physique, c’est-à-dire différents niveaux d’efforts demandés pour la réaliser. L’intensité d’une activité physique dépend de votre condition physique (force, endurance, âge, fatigue, et corpulence notamment).

Les activités physiques peuvent être classées en 4 catégories correspondant aux différentes intensités : faible ou légère, modérée, élevée et très élevée.

Figure 1 : Les degrés d’intensité de l’activité physique. (HAS, 2022)

 

∗ Fréquence cardiaque (FC) maximale en battements par minute = 220 – âge (en années)

N.B : Les exemples correspondent aux intensités perçues par des personnes ayant une condition physique ordinaire et n’ayant pas d’effets indésirables du cancer et de ses traitements.

  • Recommandations générales et bénéfices de l’activité physique

    En novembre 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié des lignes directrices et recommandations sur l’activité physique et la sédentarité dans le cadre du « Plan d’action mondial pour promouvoir l’activité physique 2018-2030 » (OMS, 2020).

    Figure 2 : Les recommandations de l’activité physique chez l’adulte âgés de 18 à 64 ans. (OMS, 2020) 

    Figure 3 : Les recommandations de l’activité physique chez les enfants âgés de 7 à 17 ans. (OMS,2020)

    Des recommandations d’activité physique existent également pour des catégories spécifiques de population telles que pour les femmes enceintes, les adultes de plus de 65 ans ou en situation de handicap, (Santé Publique France, 2019 ; OMS, 2020).

    Cependant, en France, seulement 7 hommes sur 10 et 1 femme sur 2 atteignent les recommandations en activité physique (Verdot C, 2020). De plus, il a été déterminé que 95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique (inactivité physique) ou un temps trop long passé assis (sédentarité) (ANSES, 2022).

    Pratiquer une activité physique régulière est bénéfique pour la santé. Les bienfaits peuvent être immédiats après une séance d’activité physique et à long terme grâce à une pratique d’activité physique régulière.

    Figure 4 : Les bienfaits de l’activité physique chez l’adulte.

    (Centers for Disease Control and Prevention, 2020)

    Traduction française réalisée par le Centre Léon Bérard

  • Comportements sédentaires

    Les comportements sédentaires correspondent à un style de vie caractérisé par un temps prolongé passé assis ou allongé durant la phase d’éveil entre le lever et le coucher (hors sommeil et repas) et sont caractérisés par une dépense énergétique inférieure ou égale à la dépense de repos en position assise ou allongée (Anses, 2016). Le temps passé à réaliser une « activité écran » (télévision, vidéo, jeux vidéo, ordinateur, etc.) est un indicateur souvent utilisé pour estimer les comportements sédentaires (Thorp et al. 2011). Les comportements sédentaires sont à différencier de l’inactivité physique, qui est définie par un niveau insuffisant d’activités physiques d’intensité modérée à élevée au regard des recommandations.

    Il existe des profils physiquement actifs ayant un style de vie sédentaire (par exemple, réaliser une activité physique comme le football à intensité élevée plusieurs fois par semaine et être assis devant un écran toute la journée). A l’inverse, d’autres personnes ont un profil physiquement inactif et un style de vie non sédentaire (par exemple, être toute la journée debout et ne pas pratiquer d’activité physique à intensité plus élevée).

    Figure 5 : Profils liés à l’activité physique et à la sédentarité. (ONAPS, 2016)

    La sédentarité et l’inactivité physique sont deux enjeux de santé publique distincts et liés. Lorsque l’inactivité et la sédentarité sont cumulées, les risques de mortalité et de morbidité sont plus élevés (Anses, 2022). Pour réduire les comportements sédentaires quel que soit son âge ou ses capacités, il est recommandé de :   

    • réduire le temps total quotidien passé en position assise ou allongée (moins de 8h00 entre le lever et le coucher) (ANSES, 2016) et en particulier les activités écran (OMS, 2020) ;
    • rompre les périodes prolongées de sédentarité en marchant quelques minutes toutes les 2h.

    Figure 6 : Les idées pour limiter ses comportements sédentaires et devenir plus actif. (ONAPS, 2024)

    Plusieurs obstacles entravent la pratique régulière d’une l’activité physique. Le manque de temps, le manque de motivation et les contraintes sociales et économiques sont parmi les principaux freins. Afin de vous motiver dans votre pratique d’activité physique et tenir dans la durée, le Centre Léon Bérard vous suggère 5 conseils :

    Figure 7 : 5 conseils pour se motiver dans sa pratique d’activité physique.

    (Réalisée par le Centre Léon Bérard, 2024)

  • Activité physique et cancer

    L’activité physique adaptée (APA) : Qu’est-ce que c’est ?

    L’APA regroupe l’ensemble des activités physiques et sportives adaptées aux capacités des personnes atteintes de maladie chronique ou de handicap. L’objectif des APA est de prévenir l’apparition ou l’aggravation de maladies, d’augmenter l’autonomie et la qualité de vie des patients, et de contribuer à lutter contre l’isolement social. L’APA peut être prescrite par le médecin traitant ou tout médecin intervenant dans la prise en charge du patient.

    Les bénéfices de l’activité physique pour prévenir le cancer

    La prévention primaire consiste à éviter l’apparition d’une maladie ou à diminuer son incidence en agissant sur les facteurs de risque.

    Les bénéfices de la pratique d’une activité physique régulière tout au long de la vie sont largement démontrés quel que soit l’âge et l’état de santé des personnes (sauf contre-indication établie par le médecin). Les études scientifiques montrent qu’une activité physique régulière est associée à une réduction de la mortalité précoce toutes causes confondues de 28 à 37% (Nocon, 2008). Elle est aussi associée à une réduction du risque de développer un cancer d’environ 12 à 25% pour les localisations suivantes : côlon, endomètre, œsophage, poumon, rein et vessie (McTiernan et al. 2019). En moyenne cela correspond à une réduction du risque de 18%.

    D’autre part, les comportements sédentaires peuvent augmenter le risque de développer certains cancers et notamment le cancer de l’endomètre et du côlon (Schmid, 2014). De manière indirecte, l’inactivité physique et les comportements sédentaires favorisent le surpoids et l’obésité qui sont identifiés comme facteurs de risque des cancers du sein et du côlon.

    Les recommandations et les bénéfices de l’activité physique pendant et après un cancer

    La prévention secondaire et tertiaire consiste à réaliser un dépistage à un stade précoce, agir sur les facteurs de risque, limiter l’évolution de la maladie, réduire les séquelles des traitements et les risques de récidive (du même cancer ou bien l’apparition d’un second cancer).

    Les recommandations de l’activité physique pendant un cancer et après le traitement sont globalement les mêmes pour la population générale (Santé Publique France, 2019) et pour les patients atteints de cancer (INCa, 2017). L’Institut National du Cancer (INCa) a publié le 30 mars 2017 un état des lieux des connaissances sur les bénéfices de l’activité physique auprès des patients atteints de cancer. Ce rapport et sa synthèse donnent également des clés pratiques aux professionnels de santé pour instaurer ou maintenir chez un patient une activité physique pendant et après un cancer (INCa, 2017).

    Toute personne atteinte de cancer (enfant, adulte, senior) en cours de traitement ou après traitement, peut pratiquer une activité physique. Cependant, il est recommandé que le patient obtienne l’accord de son médecin et un certificat médical de non contre-indication à la pratique de l’APA. Pendant les traitements, il est recommandé de pratiquer une activité physique d’aérobie (d’endurance) d’environ 30 minutes à hauteur de 5 fois par semaine au minimum à intensité modérée à élevée. Il est également recommandé d’effectuer un renforcement musculaire 2 fois par semaine et de limiter les comportements sédentaires pour maintenir votre santé. Dès le diagnostic, il est recommandé de pratiquer une APA et de réduire son temps de sédentarité. Cependant Il est nécessaire d’adapter en permanence la durée, l’intensité et la fréquence de l’activité physique en fonction de l’évolution de la maladie et de la survenue des effets indésirables des traitements. La régularité est essentielle afin d’obtenir les meilleurs résultats en matière de bénéfices sur la santé.

    L’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS) précise que l’activité physique volontaire, spontanée et régulière pratiquée pendant et après le traitement du cancer, serait statistiquement associée à une réduction du risque relatif de récidive, et à un bénéfice relatif en survie (du cancer et toutes causes confondues) principalement pour les cancers du sein, colorectal, et de la prostate (AFSOS), 2024).

    Le rapport de l’INCA en 2017 conclut à un bénéfice de l’activité physique à plusieurs niveaux :

    • Maintien ou amélioration de la condition physique en particulier des capacités cardio-respiratoires et musculaires ;
    • Maintien ou amélioration de la composition corporelle avec ou sans diminution du poids et de la masse grasse et une augmentation de la masse musculaire ;
    • Amélioration de la qualité de vie globale portant sur les troubles anxiodépressifs, une baisse de la fatigue perçue et des douleurs, une amélioration de la qualité du sommeil, de l’estime de soi et de l’image corporelle ;
    • Amélioration de la tolérance des traitements avec une baisse de certains effets indésirables.
    • Allongement de l’espérance de vie sans récidive.

    Figure 7 : Les bienfaits de l’activité physique pendant et après un cancer. (Réalisée par le Centre Léon Bérard, 2024)

     

  • Répertoires de lieux de pratique d’APA et de sport-Santé

    Où pratiquer de l’activité physique adaptée (APA) ?

    De nombreuses structures proposent des séances d’APA dans le cadre d’une prescription médicale, telles que les Maisons Sport-Santé. Il existe également des sites internet qui répertorient les lieux où il est possible de pratiquer une APA proche de chez soi.

    En voici quelques-uns ci-dessous :

    Les logos Les acteurs qui proposent des séances d’APA
    •  La ligue contre le cancer propose la pratique de l’APA à toute personne atteinte de cancer, qu’elle soit en cours de traitement ou après au côté de ces intervenants qualifiés.
    •  Les Maisons Sport Santé (MSS) accompagnent et conseillent les personnes souhaitant pratiquer une activité physique et sportive à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge.
    •  Les Ressources ONCO AURA : Le portail de référence pour informer et orienter les acteurs de la cancérologie en Auvergne-Rhône-Alpes. Il répertorie notamment les offres APA en établissements de santé.
    • Le portail du Sport Santé Bien-Être Auvergne-Rhône-Alpes permet de trouver une activité sport bien être ou sport santé adaptée à chacun. Il présente les dispositifs existants en région ainsi que les formations destinées aux professionnels du sport et donne accès aux dernières actualités du sport santé bien être.
    • Les DAPAP : Afin d’encourager la prescription et la dispensation de l’activité physique adaptée dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la DRAJES (Délégation Régionale Académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports) accompagnent dans chaque département un dispositif départemental d’accompagnement vers la pratique d’activité physique appelé DAPAP. Vous pouvez aussi vous rapprocher de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de votre territoire.
    • Goove-App : C’est un outil métier collaboratif qui centralise toutes les fonctionnalités clés de l’exercice physique à but de santé. Elle vous permet de structurer votre activité et de travailler en synergie avec les professionnels de la santé (médecins, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, CH/CHU, SSR, etc.) afin d’accompagner au mieux les personnes atteintes de maladies chroniques mais aussi les seniors et les sédentaires de façon personnalisée dans l’entretien, l’amélioration, la programmation et le suivi de leur condition physique. En présentiel dans les structures du réseau Goove, à domicile avec leur partenaire Sport Santé à Domicile, en visioconférence et/ou en entreprise.
  • Evolutions récentes

    Prescription d’activité physique adaptée et sport-Santé

    Depuis la loi du 2 mars 2022, qui modifie l’article L1172-1 du Code de la Santé publique, tout médecin intervenant dans la prise en charge du malade dispose de la possibilité de prescrire une APA.

    Par ailleurs « le masseur-kinésithérapeute peut renouveler et adapter, sauf indication contraire du médecin, les prescriptions médicales initiales d’activité physique adaptée, dans des conditions définies par décret. » d’après l’article L. 4321-1 du code de la santé publique.

    La Haute autorité de Santé (HAS) a publié en 2022 une guide de consultation et de prescription médicale d’activité physique à des fins de santé chez l’adulte à destination des médecins.

    La HAS a également publié des fiches conseils d’informations d’activité physique à destination des patients en fonction de plusieurs pathologies (cancer, asthme, surpoids et obésité…) et en fonction de l’état de santé (grossesse, après une naissance, âge avancé).

    Prise en charge de l’activité physique adaptée :

    Il n’est pas possible de bénéficier d’un remboursement de la part de l’Assurance maladie pour la pratiquer de l’APA prescrite. Cependant, elle peut être pris en charge par :

    • certaines collectivités territoriales (pour savoir si votre commune propose ce type de prise en charge, vous pouvez contacter le centre communal d’action sociale (CCAS) de votre lieu de résidence) ;
    • certaines mutuelles ; 
    • La ligue contre le cancer (pour en savoir plus rapprochez-vous du comité de votre département).

    En 2023, la proposition de voir l’APA remboursée par la sécurité sociale dans le cadre du sport sur ordonnance pour les personnes atteintes d’affection de longue durée n’a finalement pas été retenue. Cependant, le gouvernement prévoit en 2024 à titre expérimental, pendant 2 ans, la possibilité d’un remboursement par les Agences régionales de santé des séances des APA pour les malades du cancer.

    Pour information : il existe un forfait après cancer qui même s’il ne permet pas le financement de l’APA, permet la prescription d’un ensemble de bilans et de consultations. Cela fait partie du parcours de soins global après le traitement d’un cancer. Les bilans et les consultations financés peuvent grandement bénéficier au sentiment d’auto-efficacité des patients, à leur information et leur orientation vers des programmes d’APA. Les montants de ces soins de support sont les suivants :

    • 45€ pour 1 heure de bilan fonctionnel et motivationnel d’activité physique adaptée.
    • 180€ pour le forfait complet intégrant également la psychologie et la diététique.

    Ces bilans et consultations peuvent être prescrits par le médecin traitant ou le cancérologue du patient, jusqu’à 12 mois après la fin du traitement (INCa).

  • L'activité physique adaptée au Centre Léon Bérard

    Source : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Aude-Marie Foucaut, Maître de conférences des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (Activité Physique Adaptée et Santé), membre du laboratoire Educations et Promotion de la Santé (LEPS) UR 3412, Université Sorbonne Paris Nord ; Christine Friedenreich, PhD en Epidémiologie, Directrice scientifique du département d'épidémiologie du cancer et de recherche sur la prévention de la lutte contre le cancer de l'Alberta, Alberta Health Services, Calgary, Alberta, Canada. Quentin Jacquinot, PhD, Responsable recherche et développement des APA en Cancérologie, Philippe Marijnen.

Mise à jour le 23 sept. 2024

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